La cuisine ouverte sur le salon, on en a tous rêvé en feuilletant les magazines de déco. C’est lumineux, c’est convivial, ça a l’air génial. Mais soyons honnêtes deux minutes : dans la vraie vie, c’est souvent une autre histoire.
J’ai vu tellement de gens abattre leurs cloisons avec enthousiasme, pour finalement ne plus supporter la vue du bazar sur le plan de travail depuis leur canapé. Sans parler des odeurs de poisson qui s’incrustent dans les rideaux ou du bruit du lave-vaisselle qui couvre le film du soir… Ça vous parle ? La solution n’est pas de tout remonter, mais de trouver le juste milieu : séparer sans cloisonner, délimiter sans assombrir.
Dans ce guide, on va laisser tomber les tendances éphémères. On va parler concret : matériaux, techniques, et surtout, budget. L’idée, c’est de vous aider à choisir LA solution qui va vraiment vous simplifier la vie, pas juste faire joli sur une photo.
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La toute première question : fixe, mobile ou juste symbolique ?
Avant de vous jeter sur les photos de verrières, posez-vous cette question simple : est-ce que vous avez besoin de pouvoir vous isoler complètement de la cuisine, ou est-ce qu’une simple séparation visuelle vous suffit ?
Votre réponse change tout. Si vous êtes un pro des fritures et des plats qui mijotent des heures, une solution mobile comme une porte coulissante, qui bloque odeurs et bruits, sera votre sauveuse. Si, au contraire, vous voulez juste ne plus voir l’égouttoir tout en gardant un œil sur les enfants, une séparation fixe et ajourée comme un claustra sera parfaite. Pensez à vos habitudes, sans tricher. Le bruit vous rend dingue ? Vous recevez souvent à l’improviste ? C’est le secret pour ne pas regretter votre choix dans deux ans.
Les séparations fixes : des choix qui structurent l’espace
Une séparation fixe, c’est un peu comme un meuble intégré. Une fois qu’elle est là, elle est là. C’est un choix affirmé qui donne du cachet à la pièce, mais qui demande une pose impeccable.
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1. La verrière d’atelier : le grand classique
On la voit partout, et ce n’est pas pour rien : elle laisse passer toute la lumière tout en créant une vraie séparation. Mais attention, il y a verrière et verrière…
Bon à savoir : Côté bruit, une verrière standard avec un vitrage simple n’isole pas grand-chose. Si le bruit du robot mixeur vous horripile, il faut investir dans un vitrage feuilleté acoustique. C’est un surcoût, mais ça change la vie.
Le conseil du pro : Le vrai style atelier, c’est l’acier, avec ses profils fins et ses soudures élégantes. L’aluminium, souvent vendu en kit, a des montants plus larges et un rendu moins authentique. Pour la sécurité, un verre trempé ou feuilleté est non négociable, surtout si la verrière descend bas. Un accident est si vite arrivé.
Le budget à prévoir : C’est un investissement. Comptez entre 800€ et 1500€ par mètre linéaire pour une verrière d’artisan en acier, pose comprise. Les kits en alu des grandes surfaces de bricolage (Castorama, Leroy Merlin) démarrent autour de 500€, mais la qualité et la durabilité ne sont pas comparables.
Le temps d’installation : Un professionnel mettra généralement une à deux journées pour poser une verrière sur mesure.
L’entretien : C’est le plus simple ! Un coup de chiffon avec du produit à vitres, et c’est tout.
2. Le claustra en bois : le jeu d’ombre et de lumière
Le claustra, c’est cette paroi ajourée, le plus souvent faite de tasseaux de bois. C’est ma solution coup de cœur, car elle sépare sans jamais enfermer. Elle apporte une chaleur et un rythme incroyables à une pièce.
La fixation est LA priorité. Un claustra qui va du sol au plafond doit être solidement ancré en haut et en bas. Au plafond, il faut viser les rails métalliques du Placo ou ajouter un renfort. Un claustra qui bouge, c’est dangereux.
Astuce : L’espacement entre les tasseaux est crucial. Une bonne règle est de laisser un espace égal à la largeur du tasseau (par exemple, des tasseaux de 4 cm espacés de 4 cm). Ça crée un bon équilibre entre intimité et transparence.
Le budget à prévoir : C’est un excellent projet DIY ! Si vous le faites vous-même, prévoyez environ 200€ à 300€ de matériaux pour une séparation de taille moyenne (tasseaux en pin ou sapin, vis, huile de protection). Si vous le faites faire par un menuisier en chêne, le budget peut grimper à 1500€ ou plus.
Le temps d’installation : C’est un projet parfait pour un week-end si vous êtes un peu bricoleur.
L’entretien : Un petit coup d’huile de lin ou de vernis mat tous les 3-4 ans, surtout côté cuisine, pour le protéger de la graisse et de l’humidité.
3. La demi-cloison : la solution maligne et multifonction
C’est la solution la plus simple et souvent la plus pratique. Montée à environ 1,15 m de haut, elle cache parfaitement le désordre du plan de travail et peut même servir de bar ou de comptoir pour le petit-déjeuner. Franchement, si vous débutez en bricolage, c’est le projet idéal pour vous lancer.
Le conseil pratique : Pensez à l’électricité AVANT de fermer la cloison ! C’est le moment rêvé pour ajouter des prises, que ce soit côté salon pour la lampe ou côté cuisine pour le petit électroménager. Et recouvrez le dessus d’une belle tablette en bois ou du même matériau que votre plan de travail pour une finition impeccable.
Le budget à prévoir : En autoconstruction, c’est très économique. Comptez moins de 150€ de matériaux (ossature métallique, plaques de plâtre, enduit, vis).
Le temps d’installation : Un bricoleur motivé peut monter la structure en une journée. Comptez un autre jour pour les bandes, l’enduit et la peinture.
Les séparations mobiles : la flexibilité au pouvoir
Ici, on entre dans la catégorie « le meilleur des deux mondes ». On ouvre pour la convivialité, on ferme pour la tranquillité. Ces solutions sont plus techniques et demandent souvent l’intervention d’un pro.
1. La porte (ou verrière) coulissante
C’est l’option la plus efficace contre les odeurs et le bruit. Le système peut être en applique (le rail est visible au mur) ou à galandage (la porte disparaît dans la cloison, magique !).
Attention ! Je préfère de loin le rail suspendu au plafond. Ça évite d’avoir un rail au sol qui est un vrai nid à poussière et dans lequel on se prend les pieds. Mais qui dit rail suspendu dit plafond solide ! Une grande porte en verre pèse lourd. Il faut impérativement fixer le rail dans du dur (poutre, solive…). Ignorer ça, c’est risquer de voir tout s’arracher.
Le budget à prévoir : La fourchette est large. D’environ 1000€ pour un système en applique simple à plus de 5000€ pour une grande verrière sur mesure avec un système à galandage.
Le temps d’installation : C’est un vrai petit chantier. Comptez 2 à 4 jours de travaux, avec pas mal de poussière, surtout pour un système à galandage.
2. L’îlot central : la frontière conviviale
L’îlot est génial pour délimiter l’espace sans aucun mur. Mais il a une règle d’or : l’espace de circulation. Je ne travaille jamais avec moins de 90 cm de passage tout autour. L’idéal, c’est 1,10 m pour pouvoir ouvrir les placards et circuler à deux sans se gêner. Mesurez bien votre pièce, un îlot dans un espace trop petit est un enfer au quotidien.
Le détail qui tue : Vous rêvez d’un évier sur votre îlot ? Pensez à l’évacuation ! Elle nécessite une pente. Si votre sol est en béton, cela implique souvent de creuser une saignée dans la dalle. C’est un gros chantier qui doit être fait par un plombier qualifié.
Le budget à prévoir : Pour un îlot simple (rangements et plan de travail), comptez le prix des meubles, entre 500€ et 2000€. Si vous ajoutez un évier ou une plaque, la plomberie et l’électricité peuvent facilement ajouter 1000€ à 2500€ à la facture.
Alors, on choisit quoi au final ? Le résumé pour s’y retrouver
Faisons simple. Pour vous aider à y voir plus clair, voici un petit récapitulatif sous forme de conseils :
Si votre budget est votre priorité n°1 et que vous êtes un peu bricoleur, foncez sur la demi-cloison ou le claustra en bois fait maison. Pour quelques centaines d’euros, vous aurez un résultat bluffant.
Si vous ne supportez ni le bruit, ni les odeurs, il n’y a pas de secret. La porte coulissante (pleine ou vitrée) est la championne absolue. C’est un budget plus conséquent, mais votre tranquillité n’a pas de prix.
Si la lumière est votre obsession, la verrière fixe ou coulissante est imbattable. Elle préserve 100% de la luminosité. Le claustra est une superbe alternative pour un effet plus doux et poétique.
Et si vous êtes en location ou que vous voulez juste tester ? Jouez avec les astuces visuelles ! Un tapis pour délimiter le coin salon, un sol différent dans la cuisine (il existe des vinyles clipsables faciles à poser et à enlever), ou simplement peindre le mur du fond de la cuisine d’une couleur vive. L’effet est immédiat pour un coût minimal.
Quelques règles d’or pour ne pas se planter
Pour finir, un peu de bon sens. Toute installation vitrée doit utiliser du verre de sécurité. Les normes électriques en cuisine sont très strictes, alors pour tout ce qui touche aux prises ou aux raccordements, on fait appel à un électricien qualifié. C’est non négociable.
Et si vous faites appel à un pro, mon dernier conseil d’ami : demandez toujours à voir des photos de chantiers précédents, vérifiez qu’il possède bien son assurance (la fameuse garantie décennale), et fuyez comme la peste ceux qui vous demandent de payer 100% d’avance !
Au final, la séparation parfaite n’existe pas dans les magazines, elle existe chez vous. C’est celle qui correspond à votre façon de vivre, à votre budget et à votre sensibilité. Prenez le temps de la réflexion, faites des croquis, et lancez-vous. Votre maison est votre cocon, rendez-la aussi pratique que belle.
Galerie d’inspiration
Ne sous-estimez jamais le pouvoir du sol. Plutôt que de vous focaliser uniquement sur une séparation verticale, pensez à délimiter l’espace au niveau du sol. Un passage subtil d’un parquet chaleureux dans le salon à un carrelage de ciment stylé ou un béton ciré résistant dans la cuisine crée une frontière visuelle forte et élégante, sans bloquer la lumière ni le regard.
Selon une étude de l’Observatoire de l’Habitat, près de 25% des propriétaires ayant opté pour une cuisine entièrement ouverte envisagent des modifications dans les 5 ans pour mieux la délimiter, citant le bruit et le désordre visuel comme raisons principales.
La verrière coulissante, est-ce vraiment pratique au quotidien ?
Absolument, à condition de choisir le bon système. Les modèles suspendus (sans rail au sol) sont idéaux pour éviter de trébucher et faciliter le nettoyage. Assurez-vous que le mécanisme soit de bonne qualité, comme ceux proposés par des marques spécialisées comme Coulidoor ou Sogal, pour garantir un glissement fluide et silencieux qui ne deviendra pas une corvée.
Claustra en bois : Chaleureux, naturel, parfait pour un style scandinave ou bohème. Il apporte une touche organique et peut être réalisé sur mesure à un coût raisonnable.
Claustra en métal : Plus industriel et graphique. Idéal pour un look contemporain ou pour faire écho à une verrière. Moins massif visuellement, il se nettoie aussi plus facilement.
Le choix dépendra de l’ambiance générale et du niveau de chaleur que vous souhaitez conserver.
Pensez à la
Le détail qui change tout : le verre de votre verrière. Oubliez le simple vitrage transparent si vous cherchez l’originalité. Le verre armé offre un look vintage-industriel, le verre strié ou cannelé joue avec la lumière de façon poétique tout en floutant la vue, et le verre fumé apporte une touche de sophistication très années 70.
Isolation phonique quasi totale.
Blocage complet des odeurs de cuisson.
Flexibilité maximale entre espace ouvert et fermé.
Le secret ? Une porte à galandage. Elle disparaît entièrement dans la cloison lorsqu’elle est ouverte, offrant le meilleur des deux mondes sans l’encombrement d’une porte battante ou coulissante visible.
L’éclairage est votre meilleur allié pour créer des zones. Suspendez une rangée de luminaires design, comme les modèles PH 5 de Louis Poulsen, très bas au-dessus de l’îlot ou de la table. Cet
L’inspiration japonaise : les panneaux
Comment gérer les odeurs sans cloisonner ?
Misez sur une technologie de pointe. Une hotte de plan de travail, comme celles de la marque Novy ou Bora, aspire les fumées et les graisses directement à la source, avant qu’elles ne se dispersent. C’est un investissement, mais c’est la solution la plus efficace pour préserver l’air de votre salon sans monter un mur.
Erreur à éviter : Créer une séparation trop haute ou trop massive. Une demi-cloison ne devrait idéalement pas dépasser 110-120 cm de hauteur. Cela permet de cacher le plan de travail en étant assis dans le canapé, tout en conservant le contact visuel et la sensation de volume lorsqu’on est debout.
Le type de métal (acier ou aluminium).
Le type de vitrage (simple, feuilleté, trempé).
Le nombre de traverses.
La finition (brute, thermolaquée).
Autant de facteurs qui font varier le prix d’une verrière sur mesure du simple au triple. Demandez toujours plusieurs devis détaillés !
Pour un budget serré et une flexibilité maximale, pensez au rideau ! Mais pas n’importe lequel. Optez pour un tissu lourd et qualitatif comme un velours ou un lin épais, suspendu à une tringle discrète fixée au plafond. Il apportera une touche théâtrale et chaleureuse, et pourra absorber une partie des bruits.
Point acoustique : Si le bruit du lave-vaisselle ou du robot mixeur est votre hantise, un claustra ajouré ne résoudra rien. Dans ce cas, seule une solution pleine comme une verrière avec un vitrage feuilleté acoustique ou une porte coulissante apportera une réelle isolation phonique. Pensez à vos priorités.
La tendance est aux formes organiques. Fuyez les angles trop stricts et osez une séparation avec des lignes courbes. Une arche pour marquer le passage, une demi-cloison au sommet arrondi ou un claustra aux découpes ondulées adoucissent l’espace et créent une circulation plus fluide et naturelle.
Et la couleur dans tout ça ?
Utilisez la séparation comme un élément décoratif fort. Peignez votre demi-cloison ou votre claustra dans une teinte audacieuse qui tranche avec le reste des murs. Un Vert Sapin de chez Farrow & Ball ou un Terracotta de chez Ressource peut suffire à structurer visuellement l’ensemble de la pièce.
Le Hack IKEA : Utilisez un système de rangement KALLAX. Posé à la verticale (en le fixant bien pour la sécurité), il crée une séparation ajourée et fonctionnelle. Vous pouvez y glisser des paniers pour cacher le désordre, ou le laisser ouvert pour y exposer de la belle vaisselle et des livres de cuisine.
Pensez au faux-plafond. Abaisser légèrement le plafond de la cuisine de quelques centimètres suffit à créer une frontière. On peut en profiter pour y encastrer des spots, intégrer une hotte ou même le peindre d’une couleur différente pour accentuer l’effet de
Option A – La demi-cloison maçonnée : Solide, définitive, permet d’intégrer des prises électriques. Parfaite pour y adosser un canapé.
Option B – Le meuble-îlot : Plus flexible, offre du rangement et un plan de travail supplémentaire. Fait le lien entre les deux espaces.
La maçonnerie structure, le meuble connecte.
Vérifiez l’espace de dégagement nécessaire pour le panneau.
Assurez-vous que le sol est parfaitement de niveau.
Pensez à l’emplacement des interrupteurs qui pourraient être bloqués.
Ce sont les trois points à valider avant de se lancer dans l’installation d’une porte coulissante en applique.
Pour nettoyer efficacement une verrière d’atelier et ses multiples recoins : un nettoyeur vapeur avec une raclette fine est redoutable. Pour l’entretien courant, un chiffon microfibre imbibé d’un mélange d’eau tiède et de vinaigre blanc suffit amplement pour éviter les traces.
Fait surprenant : le bois est un meilleur absorbant acoustique que le verre. Une bibliothèque remplie de livres ou un claustra en bois épais, bien que non isolants, peuvent légèrement atténuer la réverbération et l’écho, rendant l’ambiance plus feutrée qu’avec une grande surface vitrée.
Vous voulez intégrer des prises sur votre îlot de séparation ?
C’est non seulement possible, mais indispensable ! Prévoyez le passage des gaines électriques avant de couler la chape si possible. Sinon, des solutions existent avec des plinthes électriques ou des blocs prises escamotables qui s’intègrent directement dans le plan de travail, comme les modèles de la marque Legrand.
L’astuce de pro : Créez une estrade. Surélever la cuisine de 10 à 15 cm par rapport au salon est une manière architecturale très forte de marquer la transition. Cette marche unique agit comme une frontière psychologique et donne un cachet incroyable à l’ensemble, tout en conservant une vue totalement dégagée.
Designer d'Intérieur & Consultante en Art de Vivre Domaines de prédilection : Aménagement intérieur, Éco-conception, Tendances mode
Après des années passées à transformer des espaces de vie, Laurine a développé une approche unique qui marie esthétique et fonctionnalité. Elle puise son inspiration dans ses voyages à travers l'Europe, où elle découvre sans cesse de nouvelles tendances et techniques. Passionnée par les matériaux durables, elle teste personnellement chaque solution qu'elle recommande. Entre deux projets de rénovation, vous la trouverez probablement en train de chiner dans les brocantes ou d'expérimenter de nouvelles palettes de couleurs dans son atelier parisien.