Parquet dans la Salle de Bain : Le Guide Honnête Pour Éviter la Catastrophe
Franchement, j’ai passé plus de vingt ans à travailler le bois, et j’en ai vu de toutes les couleurs. Au début, quand un client me parlait de parquet dans sa salle de bain, j’avoue que je tiquais un peu. L’idée semble complètement à contre-courant : le bois et l’eau, ce n’est pas le grand amour. Et pourtant… avec les bonnes techniques et les bons matériaux, c’est non seulement possible, mais le résultat est absolument sublime et peut durer des décennies.
Contenu de la page
Mais soyons clairs : ce n’est pas un petit projet de bricolage du dimanche. Ça demande de la précision et une vraie compréhension du matériau. Aujourd’hui, je vous partage tout ce que j’ai appris sur le terrain, sans langue de bois. On va voir quel bois choisir (et surtout, lequel éviter), comment le poser pour qu’il soit blindé contre l’humidité, et comment l’entretenir sans y passer ses week-ends. Le but ? Que vous ayez toutes les cartes en main pour faire le bon choix.

Pourquoi le bois n’aime-t-il pas l’eau (normalement) ?
Avant de foncer tête baissée, il faut comprendre un truc essentiel. Le bois est une matière « hygroscopique ». C’est un mot un peu savant pour dire qu’il agit comme une éponge : il absorbe l’humidité de l’air, puis la relâche. Il est vivant, même une fois coupé et transformé en lames de parquet.
Dans une salle de bain, après une douche bien chaude, le taux d’humidité grimpe en flèche. Le bois va donc se gorger d’eau et gonfler. Plus tard, quand l’air s’assèche, il va se rétracter. Ce mouvement constant est la source de tous les ennuis. Si le bois est mal choisi ou mal posé, les lames se déforment, gondolent, et dans le pire des cas, l’eau s’infiltre dessous et c’est la pourriture assurée. Et là, croyez-moi, la seule solution, c’est de tout arracher.
La clé, c’est donc un duo gagnant : un bois qui est naturellement stable et résistant à l’eau, associé à une technique de pose qui rend la surface étanche tout en laissant le bois vivre sa vie. C’est un équilibre subtil.

Le choix du bois : la décision qui change tout
Tous les bois ne sont pas logés à la même enseigne. Oubliez tout de suite les résineux comme le pin ou le sapin, trop tendres et poreux. Oubliez aussi les bois européens classiques comme le hêtre ou l’érable, qui sont de vraies éponges et bougent énormément. Un client m’a appelé un jour pour un désastre sur un parquet en hêtre… les lames formaient des vagues. On a dû tout jeter.
Pour une salle de bain, il faut viser des bois de classe 4, conçus pour un contact fréquent avec l’eau.
Les bois exotiques : le choix de la tranquillité
Ce sont les stars incontestées des pièces humides. Ils ont poussé sous les tropiques, ils sont donc naturellement denses, stables et gorgés d’huiles qui les protègent.
- Le Teck : C’est la référence absolue, le roi du parquet de salle de bain. Utilisé dans la construction navale, il est quasi imputrescible. Son seul défaut ? Son prix. C’est un luxe. Attendez-vous à un budget entre 150 € et 250 € le m².
- L’Ipé : Extrêmement dense et durable. C’est un excellent choix, souvent utilisé pour les terrasses, ce qui prouve sa robustesse. Niveau budget, on est généralement entre 90 € et 140 € le m². Attention, il est si dur qu’il vous faudra des lames de scie de qualité !
- Le Doussié : Une très belle alternative au Teck, très stable et avec une jolie couleur brun-rouge. Un peu moins cher, il se situe souvent dans la même fourchette que l’Ipé.
- Le Merbau : Très stable, mais avec une petite particularité à connaître. Au début, il peut « dégorger » ses tanins au contact de l’eau, créant des traces jaunâtres. Un bon nettoyage après la pose et une huile de qualité règlent le problème. C’est un détail de pro qui évite bien des déconvenues.
- Le Cumaru : Similaire à l’Ipé en termes de performance, c’est une option que j’aime beaucoup pour son excellent rapport qualité-prix.

L’alternative locale : les bois européens traités
Si vous préférez une esthétique plus « d’ici », il existe une solution technique très fiable : le bois thermo-chauffé (ou THT). On prend du bois local comme le frêne ou le chêne et on le « cuit » à haute température. Ce traitement modifie sa structure, le rendant aussi stable et résistant qu’un bois exotique. Le résultat est souvent un magnifique brun caramel. Côté prix, c’est une option intéressante, souvent autour de 80 € à 120 € le m².
Le cas particulier du Bambou
Techniquement, le bambou est une herbe. Mais sa version compressée et densifiée est très dure et stable. Cependant, la qualité varie ÉNORMÉMENT. Sa résistance à l’eau dépend totalement de la colle utilisée par le fabricant. Un bambou bas de gamme à 40 €/m² est une catastrophe annoncée. Si cette option vous tente, visez des marques réputées (autour de 70-100 € le m²) et demandez les fiches techniques prouvant la compatibilité avec les pièces humides.

La pose « Pont de Bateau » : la seule méthode valable
C’est ici que tout se joue. Vous pouvez avoir le meilleur Teck du monde, s’il est mal posé, c’est l’échec garanti. Dans une salle de bain, une seule méthode est valable : la pose collée en plein, avec des joints d’étanchéité.
INTERDICTION FORMELLE de la pose flottante. Je le répète car c’est l’erreur la plus courante et la plus destructrice. L’eau s’infiltrera sous le parquet, sera piégée par la sous-couche et vous créerez un marécage invisible qui fera tout pourrir. L’odeur de moisi quand on démonte ce genre d’installation est inoubliable…
Votre liste de courses pour le chantier :
Avant de démarrer, voici ce dont vous aurez besoin. Vous trouverez le basique en grande surface de bricolage (Castorama, Leroy Merlin), mais pour la colle et le mastic spécifiques, un fournisseur pro (Point.P, Décoplus Parquet) sera de meilleur conseil.

- Le parquet : Prévoyez 10% de plus pour les coupes.
- La colle : Une colle polymère ou MS polymère, souple. Comptez environ 40-50 € pour un pot de 7 kg, qui couvre à peu près 5-6 m².
- Le mastic d’étanchéité : Un mastic polymère ou polyuréthane noir (ou autre couleur). Environ 15-20 € la cartouche. Pour 10m², prévoyez 2 à 3 cartouches selon la largeur des lames.
- Des outils : Spatule crantée (type B11), pistolet à calfeutrer, ruban de masquage de qualité, maillet, et de la patience !
Les étapes clés d’une pose réussie
- Préparation du support : Le sol (chape ou ancien carrelage) doit être parfaitement plan, propre, sec et solide. La moindre bosse se verra. Si besoin, un ragréage est indispensable.
- La pose collée : On étale la colle avec la spatule crantée, zone par zone pour qu’elle ne sèche pas. On pose les lames, on les emboîte et on les presse fermement.
- Le fameux joint « pont de bateau » : C’est la signature de cette technique. On laisse volontairement un petit espace de 4-5 mm entre chaque lame. Une fois la colle sèche, on applique du ruban de masquage de chaque côté du joint, on remplit de mastic, on lisse avec une spatule (ou le doigt trempé dans l’eau savonneuse), et on retire le ruban immédiatement. Petit conseil : si vous le faites vous-même, entraînez-vous sur des chutes. C’est un geste qui demande de la pratique !
- Les finitions : N’oubliez pas le joint de dilatation de 8-10 mm le long des murs, caché par les plinthes ou rempli de mastic souple. C’est ce qui permet à l’ensemble de votre parquet de « respirer ».
Bon à savoir : un chantier comme celui-ci, pour une salle de bain de 5 m², prend environ 2 à 3 jours à un professionnel. Si vous le faites vous-même, bloquez un long week-end. Et surtout, respectez les temps de séchage ! Interdiction de marcher sur les joints pendant 24h, et pas de douche avant 48 à 72h !

Finition et entretien : l’huile, c’est la vie !
Pour la finition, c’est simple : finition huilée OBLIGATOIRE.
L’huile nourrit le bois en profondeur, le protège de l’intérieur et le laisse respirer. Son plus grand avantage ? La réparation locale. Une rayure, une tache ? Un léger ponçage et une couche d’huile, et c’est reparti. L’aspect reste mat et naturel.
Le vitrificateur (vernis) est votre pire ennemi ici. Il crée un film plastique en surface. Ça a l’air génial, mais à la première fissure, l’eau s’infiltre dessous, reste piégée, et fait noircir le bois. La seule solution est alors de tout poncer à blanc. Un travail de titan. Évitez-vous ce cauchemar.
L’entretien au quotidien, c’est simple comme bonjour
- Aérez ! 10 minutes après chaque douche, c’est le meilleur réflexe. Une VMC est un plus indéniable.
- Épongez. Pas de flaques qui stagnent. Un coup de serviette sur le sol et c’est réglé.
- Nettoyez malin. Une serpillère microfibre très, très bien essorée avec un savon noir spécial parquet huilé. Vous en trouverez de très bons chez des marques comme Blanchon ou Woca. Un bidon à 20 € vous durera une éternité. Surtout, jamais de détergent agressif !
- Nourrissez le bois. Une ou deux fois par an, passez une fine couche d’huile d’entretien aux endroits les plus sollicités. C’est rapide et votre parquet vous dira merci.
Au fait, une question qui revient souvent : comment nettoyer les joints noirs ? Honnêtement, ils ne s’encrassent quasiment pas. Un coup de serpillère suffit. Pour une tache tenace, une vieille brosse à dents souple et du savon noir, et le tour est joué.

Et si le bois n’est pas pour vous ?
Je suis un amoureux du bois, mais il faut être réaliste. Si votre budget est très serré, ou si l’idée même d’un entretien minimal vous angoisse, il existe des alternatives bluffantes.
Le carrelage en grès cérame imitation bois est aujourd’hui d’une qualité incroyable (on en trouve de superbes entre 30 € et 70 € le m²). C’est 100% étanche et sans entretien, mais c’est froid sous les pieds. Il y a aussi les sols vinyles de bonne qualité, plus chauds au toucher et tout aussi étanches.
En budget et sécurité
Un dernier mot sur la sécurité : un parquet huilé est bien moins glissant qu’un carrelage brillant mouillé. La texture naturelle du bois offre une bien meilleure adhérence.
Côté budget, il faut être transparent : un parquet de salle de bain bien fait est un investissement. Pour un projet de 5m², fournitures et pose par un pro comprises, l’enveloppe se situe souvent entre 1500 € et 3000 € selon le bois choisi. Oui, c’est un coût, mais la sensation du bois chaud et naturel sous les pieds au sortir de la douche… ça n’a pas de prix. C’est un choix qui transforme une pièce technique en un véritable cocon de bien-être.

Galerie d’inspiration




L’harmonie visuelle est clé. Pour un parquet en teck, aux tons chauds et dorés, osez des murs d’un bleu profond ou d’un vert forêt. Ces teintes froides mettront en valeur la richesse du bois. Pour un bois plus clair comme le bambou, des murs blancs ou gris perle créeront une atmosphère spa, lumineuse et épurée.



- Passez un balai microfibre sec ou un aspirateur avec brosse douce.
- Nettoyez les taches immédiatement avec une éponge à peine humide.
- Utilisez un savon naturel spécial parquet huilé, comme le Savon Noir de Marius Fabre, très dilué.
- N’utilisez JAMAIS de nettoyeur vapeur.



Le secret de l’étanchéité : le joint



Le teck de Birmanie contient une oléorésine naturelle qui le rend quasiment imputrescible. C’est pour cette raison qu’il est utilisé depuis des siècles pour les ponts des navires exposés en permanence à l’eau de mer.



Certains bois sont à proscrire absolument dans une pièce d’eau, même avec le meilleur traitement. Leurs réactions à l’humidité sont trop importantes :
- Le Hêtre : Il se déforme et se tache très facilement.
- L’Érable : Très sensible aux variations hygrométriques, il risque de tuiler.
- Le Frêne : Sans traitement thermique (rétification), il est peu durable en milieu humide.




Une VMC est-elle vraiment indispensable ?
Absolument, et c’est non négociable. Une VMC (Ventilation Mécanique Contrôlée) hygroréglable, qui s’active automatiquement quand le taux d’humidité dépasse un certain seuil, est votre meilleure alliée. Elle évacue l’air saturé de vapeur après une douche et accélère le séchage du sol, limitant drastiquement le temps où le bois est en contact avec une humidité excessive.



Parquet massif : L’option reine, 100% bois noble, réparable à l’infini. Son coût est élevé et sa pose technique.
Carrelage imitation bois : Zéro risque lié à l’eau, entretien facile. Il n’offre cependant ni la chaleur ni le toucher unique du vrai bois.
Le choix final dépend de votre priorité : l’authenticité et le confort sensoriel, ou la tranquillité d’esprit absolue.



Un parquet en bois massif peut stocker jusqu’à 100 kg de CO2 par mètre carré.
Choisir un parquet en bois issu de forêts gérées durablement (labels PEFC ou FSC) pour sa salle de bain, c’est aussi un geste écologique. Le bois, en piégeant le carbone, contribue à la lutte contre le réchauffement climatique, tout en apportant une touche de nature et de bien-être à votre intérieur.



- Il agrandit visuellement l’espace.
- Il apporte une touche de sophistication intemporelle.
- Il crée un motif dynamique au sol.
Le secret ? La pose en chevrons ou en point de Hongrie. Longtemps réservée aux salons haussmanniens, elle s’invite désormais dans la salle de bain pour un résultat spectaculaire, surtout avec des lames fines et allongées.



Au-delà de l’esthétique, c’est une expérience sensorielle. Marcher pieds nus sur un parquet huilé au sortir de la douche est incomparable. La matière est chaude, douce, vivante. Le léger relief des veines du bois sous la voûte plantaire, l’odeur subtile de l’huile naturelle… C’est un luxe discret qui transforme la routine matinale en un véritable rituel de bien-être.




L’alternative maligne : Le bambou. Techniquement, ce n’est pas un bois mais une graminée. Le bambou densifié vertical ou horizontal est extrêmement stable et résistant à l’humidité. Moins onéreux que le teck, il offre une esthétique zen et contemporaine et constitue un excellent compromis budget/performance.



Pour la finition, une huile est souvent préférable à un vitrificateur. Elle nourrit le bois en profondeur sans créer de film en surface.
- Avantage : Elle ne s’écaille pas et permet des retouches locales faciles.
- Recommandation : Optez pour une huile-cire dure spéciale pièces humides, comme la gamme
Parquet massif ou contrecollé pour la salle de bain ?
Le contrecollé, avec sa structure en couches croisées, est souvent plus stable dimensionnellement que le massif. Cependant, sa couche d’usure en bois noble est fine (2,5 à 6 mm). En cas de dégât, le ponçage est limité. Le massif, plus
La tradition des
Finition huilée : Aspect mat et naturel, toucher
Attention à la fausse bonne idée du
- Il évite la stagnation de l’eau contre les murs.
- Il crée une finition nette et étanche.
- Il absorbe les mouvements du parquet.
Le détail qui change tout ? La pose d’un joint de silicone en périphérie, entre le parquet et les plinthes (ou le carrelage mural). Il doit être posé APRÈS les plinthes pour une étanchéité parfaite.
Le choix de la largeur des lames influence radicalement le style de votre salle de bain.
- Lames larges (>18 cm) : Idéales pour les grands espaces, elles apportent une touche de modernité et de luxe. Elles mettent en valeur la beauté d’un bois comme le chêne fumé.
- Lames étroites (<12 cm) : Parfaites pour un style plus classique ou pour les petites salles de bain, où elles donnent une impression de longueur. Elles se prêtent bien à une pose
Les dernières générations de carrelage grès cérame imitation bois atteignent un niveau de réalisme bluffant, reproduisant même la texture en relief du veinage.
Des marques comme Marazzi ou Porcelanosa proposent des dalles longues qui imitent parfaitement les lames de parquet. C’est la solution
Que faire en cas de petite inondation (débordement de baignoire) ?
Pas de panique, mais agissez vite ! Épongez immédiatement le maximum d’eau avec des serpillères. Ensuite, utilisez un sèche-cheveux (à distance raisonnable pour ne pas brûler le bois) pour sécher la surface et les joints. Aérez la pièce au maximum pendant 24 à 48h et, si possible, placez un déshumidificateur électrique. Si le parquet est bien posé et huilé, les dégâts seront très limités.
La pose collée en plein : C’est la seule méthode de pose viable pour un parquet dans une salle de bain. La pose flottante est à proscrire car elle laisserait un vide d’air sous le parquet où l’humidité pourrait stagner et condenser. On utilise une colle polymère spéciale, souple et résistante à l’eau, qui solidarise parfaitement les lames au support.
La tendance est au bois avec du caractère. Oubliez les finitions lisses et uniformes. On recherche des parquets avec des nœuds visibles, des variations de teintes marquées, voire un aspect
Trois erreurs de conception à ne jamais commettre :
- Placer une douche à l’italienne de plain-pied directement sur le parquet. Un receveur, même extra-plat, est indispensable.
- Oublier le tapis de bain en sortie de douche ou de baignoire. C’est le premier rempart contre les flaques d’eau.
- Négliger la pente du sol de la salle de bain (si existante) lors de la préparation du support.
Teck : Le standard de référence. Stabilité et résistance à l’eau maximales. Couleur miel doré. Budget le plus élevé.
Ipé : Très dense et durable. Teinte brun-rougeâtre. Alternative un peu moins coûteuse au Teck.
Jatoba : Belle couleur rouge-brun aux reflets cuivrés. Très dur, mais peut avoir tendance à foncer avec le temps.
L’esthétique