Rénover sa Salle de Bain : Le Guide Pas-à-Pas d’un Pro (Sans le Bla-Bla)

Si vous lisez ces lignes, c’est probablement que le carrelage de votre salle de bain vous sort par les yeux. Je connais ça ! Ça fait un bail que je suis dans le bâtiment, et des salles de bain, j’en ai vu défiler des centaines. Des petites sous les toits aux grandes suites luxueuses. Mais le constat est toujours le même : une rénovation réussie, ce n’est pas juste une question de jolies faïences. C’est avant tout un chantier technique.

Honnêtement, l’eau et l’électricité qui se côtoient dans 5m², c’est un cocktail potentiellement explosif. Une erreur et c’est la cata assurée. Mon but ici, c’est de vous donner les clés pour comprendre ce qui se passe derrière les jolis murs, pour que vous puissiez piloter votre projet, poser les bonnes questions à un artisan, ou même faire certaines choses vous-même en toute sérénité.

D’ailleurs, parlons des deux questions qui fâchent : le budget et la durée. Soyons réalistes. Pour une rénovation complète (plomberie, électricité, carrelage, équipements) par un pro, comptez une fourchette large, entre 8 000€ et 15 000€ selon la taille et les matériaux. Côté timing, ne vous laissez pas avoir par les émissions télé : bloquez au moins 2 à 3 semaines sur votre calendrier pendant lesquelles la pièce sera inutilisable. C’est un investissement, mais bien fait, c’est la tranquillité pour des décennies.

Étape 1 : La Planification – Le Cerveau de Votre Projet

On me contacte souvent avec une photo Pinterest. C’est super pour l’inspiration, mais on oublie l’essentiel. La première étape, c’est la conception fonctionnelle.

Penser l’usage avant le style

Posez-vous les vraies questions. Qui va utiliser cette salle de bain au quotidien ? Une famille avec des enfants qui chahutent ? Un couple ? Une personne à mobilité réduite ? Les besoins changent tout. Une famille voudra une baignoire et du rangement accessible. Pour un senior, une douche à l’italienne sans le moindre rebord et des barres d’appui, c’est non négociable.

Pensez aussi à la circulation ! Laissez au moins 70 cm de passage libre devant le lavabo ou la douche pour ne pas vous contorsionner. Un petit truc tout bête : mimez l’ouverture de la porte et des tiroirs pour vérifier que rien ne coince.

Les bonnes questions à poser à un artisan

Avant de signer le moindre devis, vous devez jouer au détective. Un bon pro ne sera jamais agacé par vos questions. Au contraire ! Voici votre mini-checklist pour le premier rendez-vous :

• Avez-vous une assurance décennale à jour ? C’est la base. Demandez l’attestation, c’est votre seule garantie en cas de gros pépin dans les 10 ans.
• Quel système d’étanchéité sous carrelage utilisez-vous ? S’il vous répond « le carrelage est étanche », fuyez ! La bonne réponse doit ressembler à « un SEL (Système d’Étanchéité Liquide) ou une natte d’étanchéité ».
• Comment gérez-vous l’évacuation des gravats ? Ça paraît un détail, mais ça ne l’est pas. Est-ce inclus dans le devis ? Faut-il prévoir la location d’un « big bag » (environ 150€) ?

Étape 2 : La Démolition – On Casse Tout (en Sécurité !)

La démolition, c’est physique, c’est poussiéreux, mais c’est aussi le moment de vérité où l’on découvre l’état réel des murs et du sol. La priorité absolue : la sécurité.

Votre kit de survie pour cette phase :

Avant même de soulever un marteau, coupez l’eau au général et le courant au disjoncteur. Ensuite, équipez-vous. Ce n’est pas le moment de faire des économies de bouts de chandelle.

• Lunettes de protection intégrale (environ 10€ chez Castorama)
• Gants de travail épais (10-15€)
• Un bon masque anti-poussière, et si votre logement est ancien, un masque FFP3 est INDISPENSABLE (comptez 15€ les 3). On ne rigole pas avec ça.

Attention, point crucial : si votre logement date d’avant 1997, il peut y avoir de l’amiante (colles, dalles…). Avant 1949, du plomb dans les peintures. Au moindre doute, on arrête tout et on fait faire un diagnostic. Ne manipulez jamais ça vous-même.

Bon à savoir : Et les gravats, on en fait quoi ?

Une fois la vieille baignoire et le carrelage par terre, il faut bien s’en débarrasser. Si l’artisan ne s’en occupe pas, vous avez deux options : louer une benne ou un « big bag » qui sera ensuite collecté, ou alors, armez-vous de courage (et de sacs solides) pour faire des allers-retours à la déchetterie la plus proche.

Étape 3 : Le Cœur du Réacteur – Plomberie et Électricité

C’est la partie la plus importante, celle qui sera cachée et qui pourtant garantit votre tranquillité. Si vous devez mettre le budget quelque part, c’est ici.

La plomberie : les veines de la salle de bain

Alors, côté tuyaux, vous avez plusieurs écoles. Le cuivre, c’est le grand classique, ultra fiable mais un vrai savoir-faire d’artisan. Le PER (les tubes en plastique), c’est plus souple et plus facile à poser pour un bricoleur, mais les raccords peuvent être un point faible. Et puis il y a mon petit chouchou : le multicouche. C’est le meilleur des deux mondes, rigide comme le cuivre mais plus simple à travailler. Avec des raccords à sertir (faits avec une pince spéciale), le risque de fuite est quasi nul.

Une règle d’or pour les évacuations : la pente ! C’est entre 1 et 2 cm par mètre. Moins, l’eau stagne et ça finit par sentir mauvais. Plus, l’eau file trop vite et laisse les saletés derrière. Simple, mais essentiel.

L’électricité : on ne joue pas avec ça

Honnêtement, si vous n’êtes pas du métier, ne touchez pas à l’électricité dans une salle de bain. La norme (NF C 15-100 pour les intimes) est ultra stricte pour une bonne raison. Pour vous donner une image simple, oubliez les textes de loi et visualisez :

• Volume 0 : C’est DANS la baignoire ou la douche. Interdit à tout appareil.
• Volume 1 : C’est la zone d’éclaboussure, juste au-dessus du bain/douche. Seuls des éclairages très basse tension (12V) sont permis.
• Volume 2 : C’est à portée de bras (60 cm) autour de la zone d’éclaboussure. On peut y mettre un radiateur ou un éclairage bien protégé (Classe II, IPX4).
• Hors volume : Le reste de la pièce. C’est ici que vous pourrez enfin mettre une prise de courant, mais toujours protégée par un disjoncteur différentiel 30mA.

Étape 4 : Créer la Coquille – Murs, Sols et Surtout, Étanchéité !

Une fois les réseaux passés, on referme. On utilise des plaques de plâtre hydrofuges (les vertes) qui résistent à l’humidité. C’est aussi le moment d’installer la VMC, qui est obligatoire et vitale pour éviter les moisissures.

Mais parlons de L’ÉTAPE que les bricoleurs du dimanche oublient : l’étanchéité sous carrelage. Un carrelage et ses joints ne sont PAS étanches. L’eau s’infiltre toujours un peu. Pour éviter que vos murs ne pourrissent de l’intérieur, on applique un Système d’Étanchéité Liquide (SEL). C’est une sorte de peinture caoutchouteuse qu’on applique en deux couches croisées sur les murs de la douche et le sol. Un kit pour une douche standard coûte environ 60-80€ en magasin de bricolage. C’est le meilleur investissement de votre chantier.

Étape 5 : L’Habillage – L’Art de Poser le Carrelage

Un beau carrelage bien posé, ça change tout. Un carrelage mal posé, ça ruine tout le travail précédent.

Ne prenez pas la première colle venue. Cherchez le code magique sur le sac : C2TE S1. Ça garantit une super adhérence (C2), qu’elle ne glisse pas sur les murs (T) et qu’elle est un peu souple (S1), ce qui est crucial pour les grands carreaux. D’ailleurs, pour tout ce qui est plus grand que 30×30 cm, c’est double encollage obligatoire : de la colle sur le mur, et une fine couche au dos du carreau. C’est le secret d’une pose qui ne sonne jamais creux.

Petit conseil pour les joints : le joint époxy est plus cher et plus technique à poser, mais dans une douche, c’est le top. Il est 100% étanche et ne moisit jamais.

Étape 6 : Les Finitions – La Touche Finale qui Change Tout

C’est la dernière ligne droite, la plus agréable ! On pose le meuble, le miroir, la paroi de douche… Et on fait les fameux joints silicone.

Petite anecdote personnelle… Au tout début de ma carrière, j’ai voulu aller trop vite sur des joints silicone. J’ai un peu bâclé le lissage. Résultat : des moisissures noires au bout de six mois. La honte ! Ça m’a appris une leçon : la finition, c’est ce que vous voyez tous les jours. Prenez un silicone de bonne marque, traité anti-moisissures, et appliquez-vous !

Pour l’éclairage, optez pour des LED autour de 4000 Kelvins (c’est écrit sur la boîte). C’est un « blanc neutre », parfait pour se maquiller ou se raser sans avoir l’air d’un fantôme.

Alors, Prêt(e) à Vous Lancer ?

Refaire sa salle de bain, c’est un vrai projet. J’espère que ce tour d’horizon vous a aidé à y voir plus clair. Le plus important, je le répète, c’est de ne jamais, JAMAIS, sacrifier la qualité des travaux invisibles. C’est votre assurance tranquillité pour les années à venir.

Pour résumer, voici votre plan de bataille :

• Phase 1 : Planification (usage, budget, choix de l’artisan)
• Phase 2 : Démolition (en toute sécurité et en gérant les gravats)
• Phase 3 : Plomberie & Électricité (le cœur technique, par un pro)
• Phase 4 : Préparation des supports (placo hydro, VMC, et surtout ÉTANCHÉITÉ)
• Phase 5 : Pose du revêtement (carrelage, avec la bonne colle et la bonne technique)
• Phase 6 : Finitions (installation des équipements, joints, éclairage)

Un chantier bien préparé est un chantier qui se déroule sans stress. Et le plaisir d’entrer chaque matin dans une salle de bain belle, fonctionnelle et saine, franchement, ça n’a pas de prix.

Galerie d’inspiration

On me demande souvent : un carrelage, c’est bien étanche, non ?

La réponse est non ! La faïence en elle-même l’est, mais les joints, eux, sont poreux. Dans les zones les plus exposées comme la douche, l’application d’un Système de Protection à l’Eau sous Carrelage (SPEC) est une étape non-négociable pour un pro. C’est une membrane souple, comme le Schluter-KERDI, qui assure la véritable barrière contre l’eau et prévient les dégâts des eaux sur le long terme.

Saviez-vous qu’une douchette classique consomme environ 15 à 20 litres d’eau par minute ? Un modèle à débit réduit, comme ceux de la gamme ‘Tempesta’ de Grohe, peut descendre à 6-8 litres, sans sacrifier le confort.

Le détail qui signe le style : la robinetterie. Oubliez le chrome standard. Un mitigeur en laiton brossé apporte une touche vintage et chaleureuse, tandis que le noir mat donne un look graphique et contemporain. C’est un petit investissement qui a un impact visuel énorme et qui peut dicter le choix de tous les autres accessoires.

• Un nettoyage du sol simplifié en un seul passage.
• Une sensation d’espace et de légèreté inégalée.
• La fin des joints en silicone disgracieux à la base des sanitaires.

Le secret ? Opter pour des WC suspendus et un meuble-vasque mural. C’est le choix numéro un pour un entretien facilité et un design résolument moderne.

Au-delà du visuel, pensez aux sensations. Imaginez la chaleur du bois sous vos pieds nus grâce à un caillebotis en teck à la sortie de la douche. Le contact froid et lisse d’une vasque en pierre naturelle. La vibration artisanale d’un mur en carreaux Zellige, dont chaque imperfection raconte une histoire. Ces choix de matériaux transforment une routine matinale en une véritable expérience sensorielle.

Paroi de douche : avec ou sans profilés ?

Avec profilés : C’est l’option économique et robuste. L’encadrement assure une parfaite stabilité mais peut alourdir visuellement l’espace et compliquer le nettoyage.

Sans profilés (‘frameless’) : Plus épurée, elle agrandit la pièce et se nettoie en un clin d’œil. Son coût est plus élevé et la pose, souvent réalisée sur-mesure, doit être irréprochable.

Quand chaque centimètre carré compte, le rangement doit être malin et intégré.

• La niche de douche : encastrée dans le mur, elle accueille vos produits sans empiéter sur l’espace de vie.
• L’armoire de toilette à miroir : un classique qui dissimule le désordre tout en agrandissant visuellement la pièce.
• La colonne de rangement : étroite et haute, elle exploite une hauteur souvent perdue.

La plupart des rénovations se concentrent sur la faïence, oubliant que la lumière sculpte 50% de l’ambiance.

L’erreur classique est de poser un seul plafonnier. Pensez multi-sources ! Un éclairage fonctionnel et direct autour du miroir (environ 4000K, une lumière blanche neutre) est essentiel pour se préparer, tandis qu’un éclairage d’ambiance plus doux (autour de 2700K, une lumière chaude) sur variateur crée une atmosphère de détente.

Le tout-blanc a vécu. La tendance est aux salles de bain de caractère, avec des touches de couleurs profondes. Un vert sauge (comme le ‘Card Room Green’ de Farrow & Ball) ou un terracotta poudré peuvent transformer un mur d’accent ou le meuble-vasque en pièce maîtresse, apportant chaleur et personnalité sans surcharger l’espace.

Pas le budget pour tout casser ? Trois idées pour un relooking express inspiré des pros :

• Recouvrez un meuble démodé avec un film adhésif de qualité (type Cover Styl’), l’effet béton ciré ou bois est bluffant de réalisme.
• Peignez directement votre ancienne faïence avec une peinture spéciale comme la ‘Rénovation Perfection’ de V33.
• Changez les poignées du meuble-vasque pour des modèles en laiton, en cuir ou en céramique.

• Une bonde de douche design pour votre receveur.
• Un interrupteur de qualité, comme ceux de la gamme Céliane de Legrand.
• Un porte-serviettes chauffant et sculptural.