On se dit tous la même chose : le chino, c’est simple, c’est un pantalon en toile de couleur, point. Eh bien, après des années passées à travailler le vêtement, à le couper, le coudre et le voir vieillir, je peux vous dire que c’est un peu plus complexe que ça. Et c’est une excellente nouvelle ! Ça veut dire qu’en connaissant deux ou trois secrets, vous pouvez passer d’un pantalon « lambda » à une pièce maîtresse de votre garde-robe.
L’idée ici, ce n’est pas de vous faire un cours d’histoire soporifique sur ses origines militaires. Retenez juste que c’est un vêtement né pour être pratique, robuste et confortable. Et ces qualités, on les cherche encore aujourd’hui. Alors, on va décortiquer ça ensemble, pour que votre prochain chino soit le bon, celui qui vous ira vraiment et qui ne finira pas au fond du placard après trois lavages.
La première chose à juger : le tissu
Tout part de là. Un tissu médiocre, même avec la meilleure coupe du monde, donnera toujours un pantalon qui vieillira mal. Pour un chino, on parle de toile de coton, mais attention, il y a toile et toile…
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Le tissage qui change tout : le sergé
Approchez-vous, regardez le tissu de très près. Vous voyez ces fines lignes obliques ? C’est ça, le sergé (ou « twill » en anglais). Ce n’est pas juste pour faire joli. Ce tissage donne au pantalon sa solidité et une souplesse incroyable qu’une toile basique n’a pas. C’est ce qui le rend résistant sans être rigide comme un carton. Franchement, si vous ne voyez pas ces diagonales, passez votre chemin.
Le poids, une affaire de saison (et de qualité)
Le poids du tissu, mesuré en grammes par mètre carré (g/m²), est un super indicateur. C’est ce qui va différencier un chino d’été d’un pantalon pour toute l’année.
Léger (moins de 250 g/m²) : Parfait pour les grosses chaleurs. Il se froissera un peu, mais avec style. C’est un pantalon qui respire.
Standard (250 à 340 g/m²) : C’est le plus polyvalent, celui que je recommande pour un premier achat. Assez solide pour l’automne, assez aéré pour le printemps. La plupart des bons chinos se situent dans cette fourchette.
Lourd (plus de 340 g/m²) : Un vrai rempart contre le froid, parfois appelé « moleskine ». Le tissu est dense, souvent brossé pour un toucher velouté. Idéal pour remplacer un jean en hiver.
Bon à savoir : Un tissu plus lourd est souvent un signe de qualité et justifie un prix plus élevé. Un chino à 40€ aura rarement le poids et la tenue d’un chino à 120€.
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La teinture : comment votre chino va vieillir
La couleur d’un chino, c’est son âme. Sa façon de se délaver avec le temps dépend de la technique de teinture. C’est un détail qui fait une énorme différence.
Pour faire simple, il y a deux grandes approches :
1. Teinture sur fil (Yarn-Dyed) : – Le look : Couleur intense, parfaitement uniforme. – Comment ça vieillit : Se délave très lentement et de manière homogène. Garde son aspect neuf plus longtemps. – Idéal pour : Un style plus formel, pour aller au bureau par exemple.
2. Teinture en pièce (Garment-Dyed) : – Le look : Couleur plus douce, avec de légères nuances, notamment au niveau des coutures. – Comment ça vieillit : Se patine plus vite aux points de friction (cuisses, genoux), ce qui lui donne un charme unique et un aspect vécu. – Idéal pour : Un style décontracté, plus personnel. C’est mon option préférée, honnêtement.
La coupe : 80% du boulot pour avoir du style
Une matière sublime sur une coupe qui ne vous va pas, c’est de l’argent jeté par les fenêtres. Oubliez les termes marketing « slim », « regular », qui changent d’une marque à l’autre. Concentrez-vous sur des points concrets.
La fourche : la zone de confort n°1
La fourche, c’est la distance entre la couture de l’entrejambe et le haut de la ceinture. C’est LE point le plus sous-estimé. Si c’est trop court, vous êtes comprimé. Si c’est trop long, effet « sarouel » garanti. Le plus important, c’est que la fourche arrière soit plus haute que celle de devant. Pourquoi ? Pour vous couvrir correctement le dos quand vous vous asseyez. Personne n’a envie de montrer son sous-vêtement au bureau !
La cuisse : ni collant, ni parachute
C’est le deuxième point critique. Un chino trop serré aux cuisses, c’est juste pas possible : ça tire sur les poches, c’est inconfortable et pas du tout élégant. L’astuce ? Vous devez pouvoir pincer environ 1 à 2 cm de tissu de chaque côté de votre cuisse. C’est ça, la bonne aisance.
L’ouverture de jambe : le dialogue avec vos chaussures
Le diamètre en bas du pantalon change tout. Une ouverture de 18-19 cm, c’est le standard actuel, hyper polyvalent. Ça fonctionne avec des baskets comme avec des chaussures de ville. En dessous de 17 cm, c’est très fuselé, à réserver aux silhouettes fines et aux chaussures élancées. Au-dessus de 20 cm, c’est une coupe droite, plus classique, parfaite avec des bottines.
Votre Check-list d’Essayage en Magasin :
Prenez ça en photo avec votre tel, ça vous sauvera la mise !
Le test de la chaise : Asseyez-vous. Ça tire à l’entrejambe ? Ça baille énormément dans le dos ? Si oui, laissez tomber.
Le test du pincement : Pincez le tissu à la cuisse. Avez-vous vos 1-2 cm d’aisance ?
Le check du tissu : Le sergé (lignes diagonales) est-il visible ? Le tissu a-t-il une belle main, un peu de poids ?
Le check des détails : La fermeture éclair est-elle d’une marque reconnue (on voit souvent YKK écrit dessus) ? Les boutons semblent-ils solides (corozo, métal) ou en plastique cheap ?
Budget et Achat : où mettre son argent ?
Parlons argent. C’est bien beau la théorie, mais combien ça coûte, un bon chino ?
En dessous de 50€ : On est sur l’entrée de gamme, souvent chez les grandes chaînes. Le tissu sera léger, la teinture basique et la tenue après lavage… aléatoire. Ça peut dépanner, mais ne vous attendez pas à un miracle de longévité.
Entre 80€ et 150€ : C’est le cœur du marché. Ici, vous trouverez d’excellents rapports qualité-prix chez des marques spécialisées. Le tissu sera de bien meilleure facture (bon poids, beau sergé), les teintures plus travaillées et les finitions soignées. C’est l’investissement le plus malin.
Au-dessus de 150€ : On entre dans le domaine des puristes. Tissus d’exception, fabrications locales, détails de confection (comme la fente d’aisance à la ceinture)… C’est un plaisir d’expert, mais pas indispensable pour être bien habillé.
L’entretien : les secrets pour qu’il dure 10 ans
Un bon chino est un compagnon de route. Voici comment le traiter pour qu’il vieillisse bien avec vous.
Lavez-le à 30°C maximum, sur l’envers pour protéger la couleur. Mais surtout, et je pèse mes mots : le sèche-linge est son pire ennemi. INTERDIT.
Je me souviens d’un client qui avait acheté un magnifique chino vert sauge, une pièce superbe. Il l’a passé au sèche-linge « pour aller plus vite ». Une catastrophe. Le pantalon avait rétréci d’une taille et le tissu était devenu tout cartonné, comme mort. Il a littéralement cuit les fibres. Ne faites jamais cette erreur ! Séchez-le à l’air libre, suspendu par la ceinture. C’est tout.
Et pour l’ourlet ?
La longueur, c’est la touche finale. Un pantalon qui s’écrase sur la chaussure, ça ruine toute la ligne.
L’ourlet simple : La base. Un bon retoucheur vous fera ça pour 10-15€.
Le revers (3-4 cm) : Plus chic, ça donne du poids et un plus joli tombé. Parfait sur une coupe droite.
Le roulottage : L’option décontractée. Idéal l’été. Voici comment faire ça proprement en 3 secondes : faites un premier revers assez large (environ 4 cm), puis un deuxième par-dessus pour le bloquer. Simple, net, efficace.
D’ailleurs, un bon retoucheur peut aussi fuseler la jambe (la resserrer du genou à la cheville) pour environ 20-30€. C’est une super option pour moderniser un pantalon un peu trop large. Par contre, n’essayez JAMAIS de faire modifier la fourche ou d’élargir les cuisses, c’est techniquement quasi impossible et le résultat est toujours décevant.
Voilà, vous avez toutes les clés en main. Choisir un chino, ce n’est pas sorcier, c’est juste une question d’observation. En prêtant attention au tissu, à la coupe et aux petits détails, vous investirez dans une pièce qui non seulement vous mettra en valeur, mais qui gagnera en caractère avec les années. Et ça, c’est la vraie définition de l’élégance.
Galerie d’inspiration
Coupe Slim : Idéale pour une silhouette élancée, elle épouse la jambe sans la serrer. Parfaite avec des sneakers fines ou des derbies.
Coupe Droite (Straight) : Plus classique et confortable, elle tombe droit de la hanche à la cheville. C’est l’alliée des styles plus décontractés, superbe avec des boots ou des baskets plus imposantes.
Le choix dépend de votre morphologie, mais surtout de l’allure que vous recherchez.
Le saviez-vous ? Le terme
Peut-on porter un chino sans ceinture ?
Absolument, et c’est même un signe de style. Pour cela, deux conditions : le pantalon doit être parfaitement ajusté à la taille, sans bailler. Mieux encore, optez pour un modèle avec des
Une couleur qui se délave moins vite.
Une douceur qui s’accentue avec le temps.
Une résistance accrue aux accrocs du quotidien.
Le secret ? Le coton Pima ou Supima. Ces cotons à fibres extra-longues, plus rares, créent une toile plus solide et plus douce que le coton standard. Un investissement que l’on ne regrette jamais.
Le trio de base pour une garde-robe polyvalente ? On ne se trompe jamais avec ces trois couleurs :
Beige ou Sable : L’incontournable. Il va avec absolument tout, du bleu marine au vert forêt.
Bleu Marine : L’alternative chic au jean. Plus formel que le beige, il est parfait pour des occasions
Le détail qui change tout : La qualité d’une fermeture éclair. Oubliez les zips en plastique qui coincent. Un vrai bon chino est souvent équipé d’une fermeture de marque YKK, la référence mondiale pour sa robustesse. C’est un micro-détail, mais il en dit long sur le soin apporté à la fabrication du vêtement.
Selon une étude, nous ne portons en moyenne un vêtement que 7 à 10 fois avant de nous en lasser ou qu’il ne s’abîme.
Investir dans un chino de qualité, c’est choisir une pièce qui va se patiner, s’embellir et raconter une histoire au fil des ports. C’est le contre-pied parfait à la fast fashion, une pièce conçue pour durer des années, pas une saison.
Pour préserver la couleur de votre chino, surtout les teintes foncées comme le marine ou le bordeaux, adoptez ces réflexes :
Lavez-le toujours sur l’envers, à 30°C maximum.
Utilisez une lessive liquide, qui se dissout mieux à basse température et laisse moins de résidus.
Évitez le sèche-linge à tout prix, qui casse les fibres et ternit les couleurs. Un séchage à l’air libre, à l’abri du soleil direct, est idéal.
Le chino blanc n’est pas réservé aux marins. Pour le démystifier, associez-le à des couleurs fortes et franches. Oubliez le total look blanc et préférez un t-shirt bleu marine, une chemise en chambray ou un polo vert sapin. Aux pieds, des mocassins en cuir marron ou des espadrilles en toile naturelle calmeront le jeu et apporteront une touche estivale et maîtrisée.
100% Coton : Le puriste. Il offre un tombé impeccable et une patine authentique avec le temps. Moins souple au début, il
L’art de l’ourlet roulé, ou
Steve McQueen, l’icône du style décontracté, a fait du chino Persol l’une de ses pièces signatures, notamment dans
Le chino plissé fait son grand retour, comment le porter ?
Loin de l’image datée des années 80, le chino à une ou deux pinces est aujourd’hui un signe de sophistication. Il apporte du volume à la cuisse et une ligne plus fluide. Le secret est de l’équilibrer avec une silhouette moderne : une coupe légèrement fuselée (
Point de vigilance : Les coutures. Regardez attentivement les zones de tension comme l’entrejambe et les ouvertures de poches. La présence de
Ne sous-estimez jamais le pouvoir des chaussures pour définir le style de votre chino. Un même pantalon beige peut être radicalement différent :
Casual Sport : Des baskets en toile blanche (Vans, Superga).
Smart Casual : Des derbies en veau-velours marron.
Estival : Des mocassins
Teint en pièce (
Option A – Le bon rapport qualité-prix (ex: Uniqlo) : Pour environ 40€, vous aurez une coupe moderne, un coton correct et un large choix de couleurs. C’est une excellente porte d’entrée. Le tissu sera plus léger et la patine moins marquée dans le temps.
Option B – Le haut de gamme (ex: Officine Générale) : Pour 200€ et plus, vous accédez à des toiles d’exception (japonaises, italiennes), des détails de confection supérieurs (poches passepoilées, boutons en corne) et une coupe étudiée qui traversera les années avec style.
Un bon chino, c’est comme un bon vin, il s’améliore avec le temps. La toile de coton s’assouplit, les couleurs se nuancent subtilement, il prend la forme de votre corps… C’est cette patine qui lui donne son âme. Ne cherchez pas à le garder comme neuf, laissez-le vivre. C’est là que réside sa véritable élégance.
Faut-il systématiquement faire retoucher son chino ?
Souvent, oui. La longueur est cruciale. L’ourlet doit
Une aisance remarquable au niveau du bassin.
Un tombé plus élégant et fluide.
Un confort inégalé en position assise.
Le détail invisible ? Le
Erreur N°1 : Les poches qui
Chino d’été (Coton/Lin) : Le mélange coton et lin offre le meilleur des deux mondes : la structure du coton et la légèreté respirante du lin. Il se froissera un peu, mais c’est ce qui fait son charme estival.
Chino d’hiver (Moleskine) : Il s’agit d’une toile de coton très dense et robuste, dont la surface a été grattée pour obtenir un toucher duveteux, presque comme une peau de pêche. C’est un véritable rempart contre le froid, avec une texture riche et profonde.
Le chino est l’archétype du vêtement
La référence historique : Dockers. C’est la marque qui a popularisé le chino dans les années 80 avec son modèle Alpha Khaki, devenant le symbole du
Pour une tache de gras sur votre chino, agissez vite. N’utilisez surtout pas d’eau. La solution miracle est la terre de Sommières. Saupoudrez généreusement la tache, laissez agir plusieurs heures (voire une nuit), puis brossez doucement. La poudre argileuse va absorber le gras sans abîmer le tissu ni la couleur.
Designer d'Intérieur & Consultante en Art de Vivre Domaines de prédilection : Aménagement intérieur, Éco-conception, Tendances mode
Après des années passées à transformer des espaces de vie, Laurine a développé une approche unique qui marie esthétique et fonctionnalité. Elle puise son inspiration dans ses voyages à travers l'Europe, où elle découvre sans cesse de nouvelles tendances et techniques. Passionnée par les matériaux durables, elle teste personnellement chaque solution qu'elle recommande. Entre deux projets de rénovation, vous la trouverez probablement en train de chiner dans les brocantes ou d'expérimenter de nouvelles palettes de couleurs dans son atelier parisien.